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They dont care about us
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24 décembre 2004

Qu'est ce que le HIP HOP ?

A l'heure actuelle et de plus en plus, violence, sexe et arrogance sont les maîtres mots d'un style qui se veut plus commercial que réfléchi. Pourtant, ce n'est pas son fondement, et ce n'est pas non plus ce qu'il dégage. Aujourd'hui, il faut briser les préjugés pour permettre à la culture hip hop de mieux se développer, et surtout d'être mieux comprise. Elle contient un message fondamentalement positif, porteur d'espoir et de solidarité, qui je pense mérite une attention plus soutenue de la part de son public

Le Hip Hop est avant tout un art, et comme tout art qui se respecte, il mérite qu'on prenne le temps de s'asseoir, de réfléchir au message délivré par l'artiste. Il faut dépasser les façades et les limites de la mode pour s'apercevoir que le Hip Hop n'est pas un concept vide de sens, mais bel et bien l'expression de toute une réflexion initiée dès le début des années 70. C'est l'expression d'un mode de vie, de la pensée de toute une communauté.

Traditionnellement, on le caractérise par 5 éléments fondamentaux : la musique, la danse, le graffiti, le dj-ing et le beat-boxing, mais KRS-1 dépasse cette vision en y ajoutant « street knowledge », « street fashion », « street laguage » et « street entreprenorialism ». Ainsi, plus qu'un art, le Hip Hop est une culture. Souvenez-vous : « You are not just doing Hip Hop, you ARE Hip Hop » ( KRS-1 ).

Afrika Bambaataa est celui qui a donné une conscience ( « consciousness » ) à ce mouvement, en créant la Zulu Nation et en instiguant les Infinity Lessons dès les années 1970. Il a établit une représentation de ce que doit être cette culture, avec comme piliers fondamentaux la solidarité, la morale, et la recherche de la connaissance. Bam a en quelque sorte mis de l'ordre dans le Hip Hop en définissant ses aspects, sa finalité et ses moyens. Cette aspiration à voir les populations se réunir et mettre fin à la violence et à la haine est pourtant de plus en plus écrasée par l'apologie des armes et de la violence faite dans les chansons rap modernes.

L'opinion publique associe trop souvent le rap à la violence, la vulgarité, et l'incitation à la débauche. Ce jugement est légitime : il suffit de regarder un clip de Nelly ou du même genre, pour le comprendre. L'aspect champagne, dollars et filles quasi-nues est assez révoltant et témoigne de la superficialité de ce courant. C'est réellement dommage de voir ce phénomène atteindre un tel développement. L'idée dégagée par ces « gangsta-rappeurs » est une contradiction directe à la nature du Hip Hop, et c'est celle qui est la plus populaire. Elle a perdu toute réflexion, et KRS ONE va même jusqu'à appeler ce mouvement Hip-Pop. Le problème là dedans, c'est tout ce phénomène de mode autour du rap. La plupart des gens écoutent cette musique, s'habillent « street », sans vraiment s'y intéresser, sans essayer de comprendre, ni de réfléchir au fondement de sa culture.

Le Hip Hop n'est pas un phénomène de masse, il s'adresse à des gens intelligents, capables de mener une réflexion autour d'une chanson, d'un artiste, d'un message. Ce n'est fondamentalement pas un fait populaire ou de masse.

Réduire le rap à ce qu'on entend à la radio ou ce qu'on voit à la télé, c'est occulter un aspect digne d'intérêt, et se préoccuper d'un concept vide de sens et d'idées réfléchies. Evidemment,différencier le « bon » hip-hop underground du « mauvais » commercial paraît naïf, sachant que chaque artiste apporte sa pièce au puzzle que représente cette culture. Effectivement, nombre des « commerciaux » d'aujourd'hui sont passés par l'underground ( Jay-Z, Snoop Dogg… ), apportant leur contribution au développement du rap, mais leurs ambitions ne sont pas toujours vraiment motivées par l'amour du « real hip hop » : comme dit Fat Joe ( membre de DITC ) « j'ai fait du underground parce que je n'avais pas le choix; j'ai toujours voulu être connu et gagner plus » (interview diffusée dans Lundi Investigation sur Canal+). L'idée que je veux développer est que l'image et les valeurs véhiculées par cette sorte de musique ne correspondent pas à celle de Bambaataa, qui, pour moi, sont les plus dignes d'intérêt. L'important n'est pas d'entrer dans l'histoire pour l'argent qu'on a gagné, mais pour ce qu'on a apporté au hip hop, en le façonnant, lui donnant un objectif,un aspect, des valeurs…

Par son origine, le rap est forcément une critique, le fait est indéniable. Né dans ce qu'on appelle les « projects », développé par les Noirs- américains, son fondement reste celui d'une minorité mal intégrée, pauvre, et souvent révoltée par les inégalités. Cependant, le rap reste une musique, qui , par nature, est l'expression de
l' espoir de voir des jours meilleurs.
La violence, l'amour, la famille, la religion et la pauvreté sont des thèmes récurrents dans ces chansons et les artistes donnent, plus qu'une simple exposition des faits, une réelle analyse et une réflexion lucide. Le message positif est fondamental, le « Stop the violence Movement » créé dans les années 1980 par KRS-ONE a trouvé une place prédominante dans le monde du Hip Hop, ralliant à sa cause des artistes tels que Bam et sa Zulu Nation, Run DMC, Common, etc. Ce mouvement est d'ailleurs prolongé aujourd'hui avec l'action « Hip Hop for Respect » qui a pour objectif d'offrir une dimension instruite et non-violente à cette culture. Il suffit d'écouter une chanson de Gang Starr pour s'apercevoir que les textes à morale de Guru sont pertinents, éclairés et sensés. Peut on réellement penser une incitation à la violence et à la débauche en écoutant « Moment of Truth » ?
Le message délivré par le Hip Hop est fondamentalement positif et réfléchi.

Mon souci, c'est que pas mal de gens en quête de style se mettent au hip hop juste parce que c'est la mode, ignorant les valeurs et les concepts inhérents et tuant finalement peu à peu la culture. Ils font semblant d'écouter les chansons, mais n'y comprennent strictement rien car ils ne font aucun effort de réflexion, et dans ce cas là, le rap devient accessoire de mode.

Le gangsta-rap a créé un stéréotype qu'il faut dépasser. Ce n'est pas parce qu'on vit avec le Hip Hop qu'on doit ressembler à un gangster, fumer des joint, bousculer les dames âgées dans la rue ou être vulgaire. La plupart des gens associent ces 2 faits, mais ils sont totalement indépendants. La preuve en est faite sur le titre « it's OK » de All Natural. : « You can be dope, and still finish school; you ain't got to glorify what's wrong ( … ) " Capital D ( MC de All Natural ) sait de quoi il parle. Etudiant en fac de droit, il fait partager sa vision du Hip Hop depuis plus de 10 ans, avec un succès croissant. Il faut se rendre compte que l'éducation, la recherche de la connaissance peuvent être une partie du hip hop au même titre que le plaisir d'écouter une bonne chanson, le travail fourni pour danser ou pour réaliser une fresque.

Pour écouter du rap il est nécessaire de connaître un minimum l'histoire de celui-ci. Dans de nombreuses chanson on trouve des références, directes ou indirectes, à des « grands » de la chanson tels que Afrika Bambaataa, Lord Finesse, Grandmaster Flash, DJ Kool Herc, Fat Boys ou Gang Starr …. Ainsi qu'à des autres artistes, du jazz, du gospel, de la funk et du blues. Common intitulant son album « Like water for chocolate » en référence au livre de Laura Esquivel « Como agua para chocolate », J.Rawls ( Lone Catalysts ) s'appropriant le nom de l'économiste John Rawls … ces choix ont une signification et sont autant de références à ce qu'on appelle la culture générale, démontrant une fois de plus à quel point le hip hop est indissociable de la connaissance. Dans chaque chanson on trouve des références à d'autres artistes ou chansons, des faits historiques, des œuvres littéraires ou musicales, des réalités scientifiques etc.



Auteur: Sway
 
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